Imaginez ceci : vous êtes dans une ruelle étroite de Tokyo. La lumière dorée du soir caresse les façades. Un moment fugace se dessine devant vous. Vous avez trois secondes. Peut-être deux. Votre main plonge instinctivement vers votre poche. L’appareil surgit. Clic. Le moment est capturé. Ou raté. Tout dépend de ce que vous tenez entre vos mains.
- Il tient dans la poche : quand la taille devient stratégie
- Résolution et angle de vue : deux philosophies
- Autofocus et moment décisif
- Rafale et construction
- Simulations de film et qualité JPEG
- Les défauts du Ricoh
- Vidéo et création de contenu
- Ergonomie et ouverture
- Choisissez le Ricoh GRIV si…
- Choisissez le Fuji X100VI si…
Le verdic final : Le Ricoh est un rebelle imparfait qui excelle dans sa mission. Le Fuji est un gentleman polyvalent qui ne fait aucun compromis.
Votre choix révèle qui vous êtes en tant que photographe. Pas de mauvaise réponse. Juste deux chemins différents vers la même destination : capturer l’instant.
Deux appareils. Deux philosophies. Une seule question : lequel mérite votre poche ?
Le Fuji X100VI et le Ricoh GRIV ne sont pas de simples appareils photo. Ce sont des déclarations d’intention. Des extensions de votre vision. Des outils qui façonnent votre manière de voir le monde. Pourtant, ils ne pourraient pas être plus différents dans leur approche de la photographie de rue.
D’un côté, le Fuji X100VI : l’icône réinventée. Élégant, raffiné, bourré de technologie. Un appareil qui fait tourner les têtes autant qu’il les photographie. De l’autre, le Ricoh GRIV : le fantôme urbain. Minimaliste, discret, presque invisible. Un appareil qui refuse d’attirer l’attention pour mieux capturer celle des autres.
Les forums explosent. Les photographes se déchirent. Certains jurent que le Fuji est l’outil ultime, polyvalent et performant. D’autres affirment que le Ricoh représente l’essence pure de la street photography, dépouillée de tout superflu. Mais qui a raison ?
La réalité ? Aucun des deux. Ou les deux. Parce que choisir entre ces appareils ne se résume pas à comparer des spécifications techniques. C’est comprendre votre propre style. Votre façon de bouger dans l’espace urbain. Votre relation avec vos sujets.
Voici le défi : deux capteurs APS-C. Deux objectifs fixes. Moins de 2 000 euros chacun. Conçus pour la rue, le voyage, le documentaire. Mais des personnalités radicalement opposées. L’un privilégie la sophistication et la polyvalence. L’autre embrasse la simplicité radicale et la discrétion absolue.
Dans cet article, je vais disséquer ces deux légendes compactes sous l’angle qui compte vraiment : la photographie de rue pure et dure.
Nous explorerons chaque aspect qui fait ou défait un appareil de street : la discrétion, la réactivité, la capacité à capturer le moment décisif, l’ergonomie en situation réelle, la fiabilité quand ça compte. Je vous dirai lequel chauffe jusqu’à vous brûler la paume. Lequel rate la mise au point au pire moment. Lequel devient une extension naturelle de votre œil.
Parce qu’au final, le meilleur appareil n’est pas celui qui a les meilleures specs. C’est celui qui disparaît entre vos mains. Celui que vous oubliez pour ne plus penser qu’à l’image. Celui qui vous permet de voler des instants sans voler l’attention.
Alors, Fuji ou Ricoh ? Le raffinement polyvalent ou la pureté minimaliste ? Le compagnon sophistiqué ou le fantôme de poche ? Plongeons dans ce duel fascinant. Votre prochain appareil vous attend quelque part dans ces lignes.
Il tient dans la poche : quand la taille devient stratégie
« Pommes et oranges ! » crieront certains puristes. Et ils n’ont pas tort. Le Ricoh disparaît littéralement dans votre poche. Le Fuji ? Pas vraiment. Cette différence compte. Énormément même. Mais réduire ce duel à une simple question de centimètres serait une erreur. Le Fuji cache des atouts qui pourraient bien faire oublier son embonpoint.
Glissez le Ricoh n’importe où. Poche de jean. Poche de chemise. Poche intérieure. Il s’évapore. Vous l’oubliez jusqu’au moment crucial. C’est son génie. Sa raison d’être.
Le Fuji joue dans une autre catégorie. Une poche de veste ? Peut-être. Votre pantalon ? Oubliez. À moins de porter un cargo ou d’accepter une bosse disgracieuse sur votre cuisse.
Vous hésitez entre les deux ? Ce facteur mérite réflexion. Parce qu’un appareil qu’on laisse à la maison ne photographie rien. Un appareil toujours sur soi capture tout. La meilleure caméra reste celle que vous avez avec vous. Le Ricoh excelle à être cette caméra-là.
Mais attendez. Avant de couronner le GRIV champion incontesté de la portabilité, explorons ce que le Fuji apporte à la table. Parfois, quelques centimètres supplémentaires cachent des fonctionnalités qui changent la donne.
Parlons taille. L’objectif principal ? Être discret et passer inaperçu. Dans ce sens, le Ricoh marque des points. Même si vous le sortez devant le visage de quelqu’un, franchement, les gens s’en fichent. Ça ressemble à un smartphone un peu épais. Personne n’y prête vraiment attention.
Le Fuji, c’est différent. Surtout la version argentée qui attire l’œil. Mais il n’est pas si gros que ça. Pas beaucoup plus imposant que le Ricoh. Avec une version noire, vous restez discret. Vous pouvez le sortir devant les gens sans qu’ils s’en soucient vraiment.
Mais le Fuji possède un avantage décisif : son écran orientable. Malheureusement absent sur le Ricoh. Vous voulez shooter depuis la hanche ou à hauteur de taille ? L’écran articulé devient votre meilleur allié pour rester ultra-discret. Sur ce point, ils font match nul.
Autre chose : le Fuji a un viseur. Pas le Ricoh. Avantage Fuji. En plein soleil, j’ai observé que l’écran du Ricoh, bien que décemment lumineux, rend parfois difficile l’évaluation de l’exposition. Composer devient compliqué. Vous voulez amener l’appareil à hauteur d’œil ? Le viseur aide énormément avec le Fuji.

Résolution et angle de vue : deux philosophies
Le Ricoh offre 26 MP contre 40 MP pour le Fuji. Ça ne fait pas une différence énorme, mais ces 40 MP donnent un peu de marge pour recadrer tout en conservant la résolution. En street, documentaire ou voyage, vous devez souvent recadrer. Horizon penché, composition ratée, photobombing… C’est un léger avantage.
Cela dit, le Ricoh possède un objectif de 18 mm (équivalent 28 mm avec le crop factor). Le Fuji ? 23 mm (équivalent 35 mm). Le 28 mm est plus large. Il offre plus de marge pour recadrer.
Le Fuji a une meilleure résolution. Le Ricoh a l’objectif plus large pour la rue. Les deux donnent de la latitude pour le recadrage. L’un par la résolution, l’autre par le champ de vision. À vous de décider ce que vous préférez.
Autofocus et moment décisif
Le Fuji excelle en détection de visage et d’œil. Il acquiert la mise au point plus rapidement. Il suit mieux. Mais il a un léger décalage au déclenchement. Vous pourriez rater le moment décisif.
Le Ricoh ? Suivi terrible. Détection visage/œil assez mauvaise. À moins d’être à 1, 2 ou 3 mètres, il ne détecte aucun visage ni œil humain. Problème.
Mais le Ricoh possède cette magnifique fonction : le snap focus. Vous réglez la distance (3,5 m, 5 m ou infini) et vous shootez. C’est pré-focalisé. Vous déclenchez simplement. Une fois réglé sur snap focus avec une distance fixe, à f/8 avec cet objectif 18 mm, vous êtes paré. Votre profondeur de champ est superbe. Vous obtenez des plans multiples. Le décalage au déclenchement devient quasi inexistant dans ce mode. Vous capturez le moment décisif.
Rafale et construction
Pour capturer le moment décisif, le Fuji monte jusqu’à 8 images par seconde. Même avec un léger décalage, vous pouvez l’attraper grâce à cette cadence rapide. Le Ricoh ? Environ 3 fps seulement. Si la prise de vue en continu est importante pour vous, le Fuji a l’avantage. Mais le Ricoh a le snap focus. Presque aucun décalage dans ce mode.
Qualité de fabrication ? Je l’accorde définitivement au Fuji. Solide. Substantiel. Le GR est un peu plastique, mais c’est comme ça qu’il est fait. Ça l’a toujours été. Ça le rend léger. Vous ne sentez pas le poids. Vous pouvez le sortir rapidement et shooter.
Le Fuji est plus solide, plus lourd. Mais ça ne l’empêche pas d’être tenu en main toute la journée sans fatigue. Les deux peuvent être portés toute la journée. Mais le Ricoh est plus délicat. Il y a des histoires de GR qui tombent en morceaux. Vous devez le chouchouter. L’avantage ? Il est plus léger.
Simulations de film et qualité JPEG
Les deux ont des simulations de film incroyables. Le Fuji en a évidemment beaucoup plus. Mais les simulations du Ricoh sont très malléables. Vous pouvez les ajuster et créer vos propres recettes. Des tonnes de ces recettes sont disponibles sur le net. Beaucoup de gens les ont élaborées.
Je ne pense pas qu’il y ait grand-chose à donner ou prendre ici. Si vous voulez du prêt-à-l’emploi, le Fuji l’a. Je shoote en RAW. Mais les deux ont des JPEG incroyables. Les deux appareils produisent de magnifiques fichiers JPEG. Rien à départager là non plus.
Les défauts du Ricoh
Après avoir shooté plus de 1 000 photos avec le Ricoh, c’est définitivement un appareil capricieux. Il ne semble pas complètement abouti. Tout n’a pas été peaufiné. Ça ressemble à un recyclage et un travail bâclé.
Il y a des plaintes. La première chose que j’ai expérimentée ? Il chauffe en 10 à 12 photos. Ma paume brûle littéralement. Le Fuji chauffe aussi, mais peut-être après 50 ou 60 prises continues ou plus. C’est un problème.
Des plaintes sur de nombreux forums mentionnent que certaines pièces se détachent, les molettes sautent, et quelques autres soucis. Si vous voulez investir à long terme, tant que vous le chouchoutez, le Ricoh va bien. Mais si vous voulez un boîtier beaucoup plus solide et un appareil bien fini, le Fuji marque des points.
Vidéo et création de contenu
Si vous êtes créateur de contenu et voulez de la vidéo, les deux en font. Le Ricoh se débrouille correctement en vidéo. Mais si vous voulez vraiment créer du contenu de qualité avec une bonne résolution, le Fuji marque encore des points. Les capacités vidéo du Ricoh sont très limitées. Pas d’écran orientable, donc c’est contraignant. Le Fuji excelle dans cet aspect.
Ergonomie et ouverture
Le Fuji est bourré de molettes. Compensation d’exposition, ISO, vitesse d’obturation… Tout peut être réglé par molette, y compris l’ouverture sur l’objectif. Le Ricoh est extrêmement minimaliste. Tout est basé sur des boutons. C’est peut-être ce que vous préférez, mais la différence existe.
La dernière chose qui mérite d’être mentionnée : le Fuji a un objectif F2 avec un champ de vision de 35 mm. Ça pourrait donner un peu plus de bokeh. Pas que vous en ayez vraiment besoin pour la rue. Le Ricoh a un F2.8 à 18 mm (équivalent 28 mm). Ça donne une profondeur de champ beaucoup moins faible ou plus profonde. C’est l’autre chose à considérer.

Choisissez le Ricoh GRIV si…
Vous acceptez d’embrasser l’imperfection au service de la pureté. Oui, il est capricieux. Oui, il a ses défauts. Oui, il peut vous frustrer. Mais il délivre. Brillamment même.
C’est l’appareil qui disparaît dans votre vie quotidienne. Qui tient dans la poche au sens littéral. Invisible aux yeux des passants. Personne ne le remarque, personne ne s’en soucie. Vous devenez un fantôme armé d’un capteur APS-C.
Les images ? De bonnes à excellentes. Constamment. Sans compromis sur la qualité finale, juste quelques compromis sur le confort d’utilisation.
Le bonus ? Environ 200 à 250 euros économisés. De quoi s’offrir un billet d’avion, une semaine supplémentaire en voyage, ou simplement garder son portefeuille un peu moins vide.
Le Ricoh est pour le photographe qui privilégie l’essence sur l’apparence. L’invisibilité sur la sophistication. Le moment capturé sur le confort de capture.
Choisissez le Fuji X100VI si…
Vous voulez l’excellence sans compromis. La sophistication incarnée. Une construction qui inspire confiance à chaque prise en main. Des fonctionnalités qui ouvrent des possibilités plutôt que de les restreindre.
Le Fuji ne se contente pas de photographier : il crée du contenu. Vidéo de qualité. Écran orientable. Viseur hybride. Autofocus qui traque et ne lâche jamais. C’est l’outil du créateur moderne qui refuse de choisir entre photo et vidéo, entre street et portrait, entre art et praticité.
L’esthétique compte aussi. Avouons-le : le X100VI est magnifique. Il fait partie de l’expérience photographique. Il inspire. Il motive à sortir shooter.
Le Fuji est pour le photographe qui veut un compagnon polyvalent et fiable. Quelqu’un qui investit dans un outil à long terme. Qui valorise la robustesse, la finition, et cette sensation qu’on tient entre ses mains un véritable instrument de précision.

