Reka Nyari présente sa nouvelle série intitulée « Valkyrie Ink ». Ce nouvel ensemble continue d’explorer un élément central de la pratique artistique de la photographe : des études intimes sur l’identité et l’autonomisation des femmes par le portrait nu.
Oscillant entre érotisme espiègle et splendeur nostalgique, son travail utilise et explore les idéaux traditionnels de beauté et de genre pour dépeindre la sexualité d’un point de vue majoritairement féminin.
Nyari intègre des corps ravissants et conquérants dans des paysages lumineux ou dans des décors mis en scène. La nudité, le geste, le regard, ainsi que les objets deviennent intrinsèquement liés à l’identité féminine.
La série « Valkyrie Ink » a été présentée en avril 2018 à la galerie Emmanuel Fremin de New York, elle était composée de 13 œuvres. Elle fait partie d’un projet qui court depuis plusieurs mois et dont le premier volet a été présenté en 2017 à l’occasion de la première exposition solo de l’artiste, « Geisha Ink ».
Ce que le tatouage dit de nous
Étymologiquement, le mot tatouage vient du mot tahitien tatau qui signifie dessiner. À l’origine, ces marques sur la peau relevaient du rite initiatique et scellaient l’appartenance à un groupe. Qu’il soit discret ou qu’il couvre tout le corps, tout tatouage a une histoire.
Le corps est la première forme d’expression physique de nos pensées et de notre personnalité. Tatouer son corps est un acte fort, une façon de se réapproprier son corps ou de graver à jamais un bonheur, une douleur ou un souvenir.
Parmi les nombreuses allégories que nous utilisons pour déchiffrer la vie et nous relier aux autres, celle d’avoir une « peau épaisse » est celle qui résonne le plus. Elle touche un besoin viscéral de nous fortifier, d’ajouter un bouclier à notre corps vulnérable.
Valkyrie Ink, le corps et sa mise en scène par le tatouage
La série Valkyrie Ink dépeint Eowyn, une jeune femme qui a subi de nombreux traumatismes depuis son enfance et qui, dans un acte de rébellion a orné son corps dès l’âge de 16 ans d’une abondance de tatouages.
Mieux compris comme un acte audacieux de résistance, ils n’ont pas seulement envoyé un signal délibéré de force aux pairs et aux prédateurs, mais ont récupéré un corps marqué par les cicatrices des entailles auto-infligées et une âme marquée par les abus et les mauvais traitements. Les lignes ondulantes, les symboles et les mots qui recouvrent sa peau deviennent une armure emblématique.
I am Freyja
Existant de façon lumineuse dans des poses dominantes, illuminée sur un fond sombre, Eowyn est montré tantôt dans un mouvement féroce, tantôt dans l’immobilité tendre. Les scènes énigmatiques sont enchâssées dans des images du folklore viking, imprégnées d’aperçus de son histoire personnelle.
Nyari puise dans le mythe de la Valkyrie, déesse héroïne nordique qui choisit ceux qui peuvent mourir au combat et ceux qui peuvent vivre. L’artiste exagère cette éthique en utilisant des costumes et des objets fidèles aux armes et ornements vikings; les titres des œuvres font référence à des guerrières, déesses et armes scandinaves légendaires.
Phoenix Rising
« Ce qu’il y a de plus profond dans l’homme, c’est la peau. »
– Paul Valery
Protector of Odin
Tandis que Nyari explore la création d’une image de soi renforcée par le tatouage, les scènes que l’artiste invente transcendent souvent le domaine de l’inconfort et du malaise. Nyari construit une histoire autour de son héroïne, proposant ainsi que l’autonomisation et la réconciliation avec ses traumatismes est inextricablement liée à la création d’un mythe personnel – c’est l’acte de créer sa propre peau, d’inventer sa propre histoire.
Les photographies qui en résultent sont des portraits nuancés d’une guerrière, racontant une histoire de force et de transformation, et de la persistance de l’esprit féminin. Le portrait sensible des cicatrices et de l’ornement d’Eowyn, tous deux compris comme des manifestations physiques de la violence et de la résilience de l’héroïne, comporte une combinaison inspirante de vulnérabilité et de courage. Abordant les facettes complexes de l’art corporel, la photographe fait des tatouages d’Eowyn des symboles de vigueur et de triomphe.
Ses tatouages s’écrivent comme un récit mythique autobiographique qui porte la trace symbolique énigmatique du développement de sa personne.
Chooser of the Slain
L’artiste de commenter « Ces tatouages rappellent à Eowyn de rester courageuse et coriace. Ils racontent l’histoire de sa vie et nous permettent de jeter un coup d’œil sur son passé et de partager ses émotions et sa bravoure. Par exemple, le grand Phoenix sur son dos montre sa renaissance et son esprit qui, au lieu de se briser, s’est libéré. »
Freydis
Kiss of My Kettlingr
My Blade, My Beloved
Not of This World
Shieldmaiden
The Seeress
The Red Maiden
Tyrfing
Valkyrie Song
Images publiées par Pixfan.com avec l’autorisation de l’artiste, reproduction interdite.
Les coulisses de la séance photo
Images publiées par Pixfan.com avec l’autorisation de l’artiste, reproduction interdite.
Reka Nyari est née en 1979 à Helsinki, elle a été élevée en Finlande et en Hongrie, c’est à l’âge de dix-sept ans, qu’elle s’installe à New York.
Après avoir étudié à l’École des arts visuels, elle a débuté le mannequinat et a découvert son intérêt pour la photographie. Le cinéma et les récits excentriques de Roman Polanski et David Lynch ont influencé son travail autant que l’art d’Helmut Newton, Guy Bourdin, Miles Aldridge ou Cindy Sherman.
Son travail a été exposé dans de nombreuses galeries aux États-Unis et en Europe. Elle a reçu des prix d’organisations prestigieuses, y compris le premier prix des International Photography Awards (IPA) 2010, catégorie Beauty Pro.
Sa monographie de 225 pages intitulée « Femme Fatale : Female Erotic Photography » a été publiée en 6 langues et vendue dans le monde entier. Sa liste de clients est longue et comprend Kiki de Montparnasse, Fleur du Mal, RADO Suisse, AOL, Liz Claiborne, Make Up Forever, DC Comics, Sally Hansen et Ultra Records. Son travail a été publié dans de nombreux magazines, dont Esquire, Vanity Fair, Tatler, Korean Cosmopolitan et Vogue.
A l’occasion de son exposition Valkyrie Ink, l’artiste annonce la publication de Geisha Ink, une monographie de 124 pages en édition limitée à 500 exemplaires signés.
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