Lors du salon IBC 2025, sur le stand de Sigma, LensVid a rencontré Katuto Yomaki, PDG de la marque japonaise, pour évoquer l’année 2025 et ses nombreuses nouveautés.
- Q : Vous avez présenté neuf objectifs autofocus cette année — un chiffre impressionnant pour une entreprise de votre taille. Comment parvenez-vous à concevoir et produire autant de modèles en si peu de temps ?
- Q : Même des géants comme Canon ou Sony sortent rarement autant d’optiques en une seule année. Et plusieurs de vos nouveaux modèles sont des conceptions totalement inédites.
- Q : Parlons du 135 mm f/1.4, une première mondiale dans cette ouverture. Compact, relativement léger (environ 1,4 kg), il représente une prouesse technique. Quels défis avez-vous rencontrés ?
- Q : Ce 135 mm n’a pas de stabilisation optique. Pourquoi ce choix ?
- Q : Autre nouveauté marquante, le 20-200 mm. Une amplitude étonnante, une compacité remarquable.
- Q : Vous avez aussi présenté deux objectifs cinéma avec autofocus, les 28-105 mm et 28-45 mm. Sont-ils destinés à ouvrir une nouvelle gamme pour les appareils hybrides ?
- Q : Ces objectifs seront-ils dérivés de modèles existants ou entièrement nouveaux ?
- Q : Enfin, comment voyez-vous l’évolution de l’industrie face à l’essor de l’intelligence artificielle ?
- En résumé
Q : Vous avez présenté neuf objectifs autofocus cette année — un chiffre impressionnant pour une entreprise de votre taille. Comment parvenez-vous à concevoir et produire autant de modèles en si peu de temps ?
Nos ingénieurs travaillent avec une motivation exceptionnelle. Beaucoup d’entre eux sont eux-mêmes photographes passionnés, ce qui nourrit leur créativité et leur engagement. Chez Sigma, notre équipe R&D est très soudée : nous recrutons souvent de jeunes ingénieurs directement après leurs études, et beaucoup restent chez nous pendant trente ou quarante ans. Cette continuité assure une communication fluide et une efficacité rare dans le développement.
Q : Même des géants comme Canon ou Sony sortent rarement autant d’optiques en une seule année. Et plusieurs de vos nouveaux modèles sont des conceptions totalement inédites.
Le marché ne connaît plus la même croissance qu’autrefois. Pour exister, il faut innover sans relâche. Si nous ne proposons pas quelque chose de réellement nouveau, le public ne nous suivra pas. L’innovation n’est plus un atout, c’est une condition de survie.
Q : Parlons du 135 mm f/1.4, une première mondiale dans cette ouverture. Compact, relativement léger (environ 1,4 kg), il représente une prouesse technique. Quels défis avez-vous rencontrés ?
Le principal défi fut d’obtenir une performance optique exceptionnelle tout en conservant un format raisonnable. Atteindre f/1.4 avec autofocus n’était pas en soi difficile, mais combiner cela à la compacité et à la légèreté l’était beaucoup plus. Grâce à notre longue expérience et à nos données accumulées, nous avons réussi à concilier ces contraintes.
Q : Ce 135 mm n’a pas de stabilisation optique. Pourquoi ce choix ?
L’ajout d’un module de stabilisation aurait légèrement augmenté le poids et la taille. Nous avons estimé que la stabilisation intégrée au boîtier (IBIS) offrait déjà d’excellents résultats, notamment jusqu’à 150 ou 180 mm. À cette focale, la stabilisation interne suffit amplement.
Q : Autre nouveauté marquante, le 20-200 mm. Une amplitude étonnante, une compacité remarquable.
Oui, c’est un zoom extrêmement polyvalent. Nous voulions proposer une optique adaptée à la manière actuelle de photographier. Les utilisateurs, y compris les professionnels, ont pris l’habitude de cadrer très large à cause des smartphones. D’où ce choix de démarrer à 20 mm, tout en allant jusqu’à 200 mm. C’est un objectif de voyage idéal, capable de couvrir presque toutes les situations, sans sacrifier la qualité d’image.
Q : Vous avez aussi présenté deux objectifs cinéma avec autofocus, les 28-105 mm et 28-45 mm. Sont-ils destinés à ouvrir une nouvelle gamme pour les appareils hybrides ?
Exactement. Ces deux modèles marquent le début d’une ligne d’optiques cinéma spécialement conçues pour les appareils hybrides. Nous n’avons pas encore de plans concrets pour des focales fixes dans cette gamme, mais la demande des utilisateurs est forte. Nous l’envisageons sérieusement pour l’avenir.
Q : Ces objectifs seront-ils dérivés de modèles existants ou entièrement nouveaux ?
Cela dépendra des besoins. Si une formule optique existante répond parfaitement aux exigences vidéo — notamment en limitant le « focus breathing », nous pourrons la conserver. Mais chaque usage a ses contraintes, et certaines optiques devront être repensées.
Q : Enfin, comment voyez-vous l’évolution de l’industrie face à l’essor de l’intelligence artificielle ?
L’IA est déjà utilisée depuis longtemps dans l’imagerie, mais ce n’était jusqu’à présent qu’une forme « primaire » d’intelligence. Je comprends les inquiétudes liées à son développement, mais je reste optimiste. La photographie, le cinéma, la création visuelle demeurent avant tout des expressions humaines.
L’IA peut générer des images à partir de vastes bases de données, mais ces œuvres se ressemblent souvent. La créativité authentique naît d’une intention, d’un regard, d’une émotion. Et cela, aucune machine ne peut le reproduire totalement.
C’est précisément cette conviction — que la technologie doit servir la création, non la remplacer — qui continue de guider Sigma dans sa quête d’innovation.
En résumé
1. Gamme d’objectifs 2025
- Neuf nouveaux objectifs autofocus : 200 mm f/2, 12 mm, 17-40 mm, 300-600 mm, 135 mm f/1,4, 20-200 mm, plus deux zooms cinéma (28-105 mm, 28-45 mm).
- Petite équipe de R&D motivée composée de photographes ingénieurs ; leur longue expérience permet un développement efficace.
- Le marché est saturé ; l’innovation est essentielle pour l’adoption et la survie.
2. 135 mm f/1,4 : Points forts
- Premier objectif AF 135 mm f/1,4 sur le marché, environ 1,4 kg.
- Défi : une qualité optique optimale tout en conservant une taille et un poids raisonnables.
- Pas de stabilisation optique ; repose sur l’IBIS de l’appareil photo qui fonctionne bien jusqu’à approximativement 150-180 mm.
3. Zoom 20-200 mm
- Plage de focales polyvalente à partir d’un grand angle de 20 mm ; s’adresse aux utilisateurs habitués aux grands angles des smartphones.
- Objectif : haute qualité optique avec une mise au point rapprochée utile à certaines focales.
4. Objectifs cinéma (autofocus)
- Deux zooms cinéma AF (28-105 mm et 28-45 mm) inaugurent une gamme cinéma axée sur les appareils photo sans miroir.
- Aucun projet immédiat pour des objectifs cinéma à focale fixe, mais l’intérêt marqué des clients pourrait influencer les développements futurs.
- Réutilisation possible des optiques des objectifs photo si elles répondent aux besoins vidéo (par exemple, respiration minimale de la mise au point).
5. Perspectives pour l’IA et l’industrie
- L’IA actuelle est qualifiée de « bébé IA » ; son rôle va prendre de l’importance, mais la créativité reste l’apanage des humains.
- L’IA crée à partir de données existantes ; les œuvres véritablement nouvelles et innovantes nécessitent toujours des créateurs humains et de vrais appareils photo.
Lien : Sigma
