10 phrases qui font grincer les dents d’un photographe (et ce qu’il faut dire à la place)

Anthony
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Credit: Photos by depositphotos.com

On est tout passé par là. Cette petite phrase, que l’on prononce avec la meilleure intentent ion du monde, que l’on reçoit avec un sourire poli, mais qui nous fait serrer un peu les mâchoires. Vous venez de publier votre dernier cliché, celui qui vous a demandé un réveil à 5h du matin et une heure de post-traitement, et on vous assène : »Ah, tu as un bon appareil ! »

Ce n’est (presque) jamais méchant. C’est juste maladroit. Le grand public « non-photographe » a tendance à se concentrer sur l’outil en négligeant l’artisan. C’est comme dire à un chef étoilé que ses poêles sont géniales. Cet article vous aidera à traduire du “non-photographe” au “photographe ». Un exutoire pour certains, un manuel de bonne conduite pour d’autres. Parce qu’on vous aime quand même, mais voici 10 phrases qu’on aimerait (vraiment) ne plus jamais entendre.

grincer les dents d'un photographe
« DISTRESS » par Davi Ozolin, CC BY-NC-SA 2.0

1. La phrase : « Waouh, tu as un super appareil ! Il doit faire de belles photos. »

Pourquoi ça agace ? C’est le grand classique. Cette phrase annule d’un coup la vision, la composition, la gestion de la lumière, la patience, le post-traitement et les années d’apprentissage. L’appareil n’est qu’un outil, un pinceau. Ce n’est pas le pinceau qui fait le tableau.

Ce qu’il convient de dire plutôt : « J’adore l’ambiance de cette photo. Ta façon de capturer la lumière est incroyable. » ou « Ta composition est superbe, ton regard m’impressionne vraiment. » (Parlez de l’artiste, pas du marteau).

2. La phrase : « Tu peux m’envoyer toutes les photos de la soirée ? Même les fichiers « bruts » ! »

Pourquoi cela irrite-t-il ? C’est l’analogie du boulanger : lui demanderiez-vous sa pâte crue, ses croissants brûlés et le fond de son four ? Les fichiers « bruts » (RAW) sont plats, non corrigés et ne représentent pas le travail fini. Le tri (l’éditing) est une partie essentielle du travail du photographe. Nous faire confiance pour la sélection, c’est respecter notre vision.

La formulation alternative : « J’ai passé un super moment ! J’ai hâte de voir la sélection des photos que tu as retenues. »

3. La phrase : « Tu me ‘Photoshoppes’ ça ? Tu m’enlèves mes rides et 10 kilos ? »

Qu’est-ce qui énerve ? D’abord, cela réduit le post-traitement (un art en soi qui vise à sublimer une image) à une simple fonction « magique » de chirurgie esthétique. Ensuite, ce type de retouche « liquify » ou de suppression d’éléments demande un temps fou… que le photographe préférerait passer à étalonner ses couleurs.

Ce qu’on devrait exprimer à la place : (Si vous êtes le modèle) « Fais-moi confiance pour me mettre en valeur, ton éclairage est toujours top. » (Si vous regardez) « Ta retouche est très propre, les couleurs sont magnifiques. »

4. La phrase : « C’est pour un petit projet, tu peux me le faire gratuitement ? Ça te fera de la visibilité ! »

Pourquoi cela exaspère-t-il ? C’est la phrase la plus détestée de toutes les professions créatives. La « visibilité » n’a jamais payé une facture, un objectif ou un loyer. C’est une demande de travail gratuit qui dévalorise totalement la compétence et le temps de l’artiste.

Le substitut verbal : « J’adore ton style et j’ai un projet en tête. Pourrais-tu m’envoyer tes tarifs pour une prestation de ce type ? » (Même si le budget est petit, commencer par respecter la valeur du travail change tout).

5. La phrase : « Ah, tu es photographe ? C’est un beau hobby. »

Qu’est-ce qui exaspère ? « Ouch. » C’est ce que ressentent tous ceux dont c’est le métier principal. La photographie est une profession, un artisanat, avec ses clients, ses contraintes et ses impôts. La réduire à un « hobby » (surtout quand on en vit) est incroyablement réducteur.

Ce qu’il est préférable de dire : « Tu es photographe ? C’est génial ! Tu es spécialisé dans quel domaine ? Sur quels projets travailles-tu en ce moment ? »

6. La phrase : « Mon nouveau smartphone fait pareil maintenant, non ? »

Pourquoi c’est-il agaçant ? C’est la version 2.0 de la phrase n°1. Oui, les smartphones sont incroyables. Non, ils ne remplacent pas (encore) un véritable objectif, un grand capteur et, notamment, l’œil du photographe qui sait quand et comment déclencher.

L’expression de remplacement : « C’est fou comme tu arrives à capturer des émotions uniques, peu importe le sujet. C’est vraiment ta patte. »

7. La phrase : (À un mariage) « C’est bon, tu les as eues les photos ? Envoie-les-moi ! »

Qu’est-ce qui contrarie ? Souvent dite 10 minutes après la cérémonie. Le photographe vient de prendre 1500 photos. Son travail vient à peine de commencer. Il lui reste trois jours de tri, de post-traitement et de mise en page avant de pouvoir livrer quoi que ce soit. La patience est une vertu.

Ce qu’il faut articuler différemment : « J’imagine que tu as capturé des moments incroyables. Bon courage pour le tri, j’ai hâte de voir le résultat final quand il sera prêt ! »

8. La phrase : « De toute façon, avec le numérique, c’est facile. T’en prends 1000 et t’effaces. »

Qu’est-ce qui déplaît ? Cette idée du « mitraillage » (ou « spray and pray ») est fausse. Un bon photographe anticipe le moment, il ne le subit pas. Et prendre 1000 photos ne rend pas la tâche plus simple : cela rend le tri (voir point 2) exponentiellement plus long et pénible.

Ce qu’on peut dire en échange : « Tu as un sens du timing incroyable pour capturer le moment décisif. Ça demande une sacrée concentration. »

9. La phrase : (En regardant une photo) « C’est quel objectif ? »

Pourquoi cela tracasse-t-il ? Celle-ci est subtile, car elle est souvent posée par d’autres photographes. Mais quand c’est la première et seule question, elle est frustrante. On en revient à parler du matériel avant de parler de l’émotion, de l’histoire ou de la composition.

Le mot juste à la place : « J’adore la douceur de l’arrière-plan et la façon dont il isole le sujet. C’est un choix créatif qui fonctionne parfaitement. » (Après ça, vous pouvez demander l’objectif !)

10. La phrase : « Tu m’as pris en photo, moi ? Fais voir ! »

Pourquoi ça énerve-t-il ? Le « chimping » (regarder l’écran après chaque photo) est déjà le pire ennemi du photographe. Mais le « chimping » par un tiers est encore pire. On n’est pas censé montrer les photos sur le petit écran du boîtier. Elles ne sont ni triées, ni traitées, et cela casse le rythme de travail du photographe (surtout en reportage).

Le mot juste à la place : Absolument rien. Laissez le photographe travailler. Si vous êtes sur les photos, vous les découvrirez en même temps que tout le monde, quand elles seront prêtes et magnifiques.

Conclusion

Vous l’aurez compris, ce qui touche un photographe, ce n’est pas qu’on ignore la marque de son boîtier. C’est qu’on reconnaisse son travail, sa vision et son temps.

La prochaine fois que vous voudrez complimenter un photographe (et nous espérons que vous avez lu notre guide sur le sujet), parlez-lui de ce que la photo vous fait ressentir. Parlez de la lumière, de l’émotion, de l’histoire. Oubliez la machine, et félicitez le pilote.

Et vous, chers photographes, quelle est la phrase que nous avons oubliée et qui vous hérisse le poil ? Partagez vos « meilleures » anecdotes en commentaire !

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Anthony est un photographe passionné, toujours en quête de la lumière parfaite et de l’instant vrai. Autodidacte curieux et exigeant, il mêle sens du détail et sensibilité pour raconter des histoires authentiques, qu’il s’agisse de portraits intimistes, de reportages de voyage ou de scènes urbaines spontanées. Sa signature visuelle: des compositions épurées, des couleurs maîtrisées et une attention particulière aux textures qui donnent vie à chaque image. Sur Pixfan, Anthony partage ses séries, ses coulisses et ses astuces de prise de vue, avec la volonté d’inspirer et d’accompagner les photographes de tous niveaux. Quand il n’a pas un boîtier à la main, il explore de nouveaux lieux, teste des objectifs vintage et peaufine son workflow pour rester fidèle à son exigence: créer des photos qui résonnent et qui durent.
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