Willy Ronis, photographe français emblématique du XXe siècle, a su capturer l’essence de la vie quotidienne avec une sensibilité unique. Bien que célèbre pour ses portraits de Paris, son regard s’est également posé sur la banlieue, révélant des scènes de vie souvent méconnues et empreintes d’authenticité.
À travers son objectif, Ronis témoigne des réalités sociales, des relations humaines et des instants fugaces qui forgent l’identité de ces territoires périphériques. Ses photos nous invitent à contempler la beauté des moments ordinaires et à redécouvrir la richesse de la vie banlieusarde.
Du 19 octobre 2024 au 31 juillet 2025, le musée intercommunal de Nogent sur Marne présente l’exposition « La Banlieue Est sous l’oeil du maître » qui réunit une soixantaine de photographies dont certaines jamais dévoilées au public.
La vie et l’œuvre de Willy Ronis
Willy Ronis, né en 1910 à Paris, est un photographe emblématique dont l’œuvre a marqué le XXe siècle. Fils d’immigrés juifs, il grandit dans un milieu où la culture et l’art occupent une place prépondérante. Très tôt, il développe un intérêt pour la photographie, influencé par son père, qui était lui-même photographe.
Sa carrière débute réellement dans les années 1930, période où il rejoint le mouvement humaniste, cherchant à capturer l’essence de la vie quotidienne. Ronis ne se contente pas de photographier des paysages ou des portraits ; il s’attache à immortaliser des scènes de vie qui résonnent avec l’âme humaine, traduisant une vision intime et sensible de la société.
En 1946, il devient membre de l’agence Rapho, un tournant décisif qui lui permet de se faire connaître et de diffuser ses œuvres auprès d’un public plus large.
En général, je ne change rien à ce qui se passe, je regarde, j’attends. […] Il y a un vrai plaisir à trouver la place juste, cela fait partie de la joie de la prise de vue, et c’est quelquefois aussi un tourment, parce qu’on espère des choses qui ne se passent pas où qui arriveront quand vous ne serez plus là.
Willy Ronis
Willy Ronis et la banlieue Est, un sujet de prédilection
S’il voyage dans le monde entier au gré des commandes ou de son inspiration, il se passionne aussi pour la banlieue est de Paris qu’il photographie une première fois en 1938.
Ronis, au fil des années, tisse un lien profond avec la banlieue Est de Paris, capturant son essence à travers son objectif. Son aventure photographique dans cette région débute par une scène familiale : la mise à l’eau d’une barque, image qui trouve sa place dans l’album familial.
En 1947, Le Figaro lui confie une mission qui marquera son parcours : immortaliser l’ambiance des guinguettes et des dimanches au bord de l’eau. De ce reportage naît un cliché emblématique, « Chez Maxe, Joinville », où l’on voit un danseur faisant virevolter deux jeunes femmes sur la terrasse d’une guinguette.
Il y a parfois des moments qui sont si forts que j’ai peur de les tuer en faisant une photo.
Willy Ronis
Son exploration de la région s’étend avec un projet sur les « Îles de Paris ». Ronis sillonne alors les îles de la Marne, de Créteil à Nogent, en passant par Champigny, Saint-Maur et Le Perreux, capturant leur charme unique.
Mais Ronis ne se limite pas aux paysages bucoliques. Il s’intéresse également à l’univers du cinéma local. Il photographie le studio de Ladislas Starewitch à Fontenay-sous-Bois, pionnier du film d’animation de marionnettes. Le magazine Point de vue l’envoie ensuite immortaliser l’atmosphère des studios de Joinville et de Saint-Maurice.
Dans ses dernières années, de 1988 à 1991, Ronis renoue avec la région d’une manière plus personnelle. Chaque week-end, il rend visite à son épouse, la peintre Marie-Anne Lansiaux, résidente de la Maison de retraite des Artistes à Nogent. Ces visites deviennent l’occasion de promenades rituelles, au cours desquelles il photographie Bry, Chennevières, Joinville et le quartier de Polangis, s’arrêtant notamment dans leur bistrot favori.
Ainsi, à travers ses clichés, Ronis nous offre un portrait intime et évolutif de la banlieue Est parisienne, mêlant scènes de vie quotidienne, paysages pittoresques et instantanés personnels, témoignant de son attachement profond à cette région.
Le talent exceptionnel de Willy Ronis a conquis le monde de l’art, lui assurant une place de choix dans les galeries internationales. Ses photographies, véritables témoignages visuels d’une époque, ornent les cimaises des institutions muséales les plus prestigieuses à travers le globe.
L’héritage photographique de Ronis, dans son intégralité, est précieusement conservé par la Médiathèque du patrimoine et de la photographie. Cette institution, gardienne de la mémoire visuelle française, joue un rôle crucial dans la préservation et la diffusion de son œuvre.
C’est principalement grâce à la générosité de cette Médiathèque que le Musée Intercommunal de Nogent-sur-Marne a pu concevoir son exposition dédiée à Willy Ronis. La majorité des clichés présentés provient en effet de leurs collections, offrant ainsi au public une opportunité rare de découvrir ou redécouvrir le regard unique de ce maître de la photographie.
Cette collaboration entre la Médiathèque et le musée de Nogent-sur-Marne souligne l’importance de Ronis dans le patrimoine photographique français et permet de mettre en lumière son attachement particulier à la banlieue Est parisienne, thème central de l’exposition.
Willy RONIS La Banlieue Est sous l’œil du maître | |
Où | Musée intercommunal de Nogent‐sur‐Marne 36, boulevard Gallieni 94130 Nogent‐sur‐Marne |
Quand | Du 19 octobre 2024 au 31 juillet 2025 |
Horaires | Mardi, mercredi, jeudi, dimanche de 14h00 à 18h00, samedi de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00. Fermé les jours fériés. |
Entrée | Libre |
Info | museenogentsurmarne.net |
Continuez l’aventure : Suggestions d’articles à ne pas rater !
Exposition Sorbonne Université : Comment capturer la recherche en action ?
Le défi de saisir l’essence de la recherche scientifique en pleine action, au cœur même des laboratoires et des expériences, a donné naissance à un projet innovant et captivant. Ce projet, baptisé SUAVES (Sorbonne Université Arts Visuels et Expériences Scientifiques),…
Insomnies d’Irène Jonas : une perspective inédite sur notre réalité.
Avec « Insomnies », la photographe Irène Jonas offre pour la première fois une exploration nocturne de son univers. Ses photographies, finement retravaillées à l’huile, métamorphosent la réalité en véritables œuvres d’art. Les pigments sombres diffusent leurs brumes sur la…