La 12e Saison photographique de l’Abbaye Royale de l’Epau vous invite à célébrer le vivant « Dans les herbes hautes ». Une exposition incontournable des œuvres de 6 photographes qui investissent ce lieu patrimonial du 13e siècle aux portes du Mans. Préparez-vous à un véritable dialogue entre vous, ce site naturel et le monde qui nous entoure.
1. Hiên Lâm Duc : Kurdistan, vivre sous les arbres
Dans les contreforts montagneux du Kurdistan irakien, loin des violences, chaque village tisse son histoire autour de ses arbres vénérables. Sous les branches majestueuses des barous, ces chênes emblématiques, les familles se retrouvent pour pique-niquer et célébrer Newroz, le Nouvel An kurde. Les enfants y construisent cabanes et balançoires tandis que les anciens se remémorent les noms des bergers ayant planté ces géants végétaux, offrant une oasis de fraîcheur.
Pourtant, ce lien ancestral au vivant se délite. Depuis 2014, 20% de la végétation kurde a disparu, victime des bombardements et de la déforestation illégale. C’est cette relation intime des Kurdes à leurs arbres, mais aussi sa lente érosion, que Hiên Lâm Duc documente avec sensibilité depuis 30 ans.
Ses clichés en noir et blanc, exposés sous les platanes de l’entrée, vous plongeront dans le quotidien de ces populations des vallées reculées d’Erbil, Barzan ou Aqra. Un témoignage précieux sur les mythes, légendes et traditions séculaires que ces arbres abritent, avant qu’ils ne disparaissent à jamais.
2. Bernard REIGNIER : De l’image au rêve, impressions végétales
Chirurgien de formation, Bernard Reignier a trouvé dans la photographie un moyen d’exprimer sa fascination pour le mouvement et la dynamique. Après une rencontre décisive à Giverny en 2006, il développe une technique singulière : imprimer un mouvement à son appareil pendant la prise de vue, à la manière d’un peintre.
Les couleurs se diluent alors, se concentrent, se superposent telles les touches sur une palette. L’objet initial s’efface, laissant place à la pure lumière, à la transparence. Chaque cliché devient la capture d’instants enchevêtrés, une succession d’images imbriquées que l’œil doit recomposer.
Un élément reste toutefois net, un repère permettant au spectateur de laisser libre cours à son imaginaire et de construire sa propre vision onirique de l’image. Rêve, mouvement, lumière : telle est la quête de Bernard Reignier, qui « peint avec la lumière » selon l’étymologie même de « photographie ».
Ses impressions végétales exposées sur les murs de l’Abbaye vous invitent à ce voyage poétique, où le réel et l’irréel se confondent. Laissez-vous porter par ces visions kaléidoscopiques, reflets de la vie même qui anime la nature.
3. Gérard UFÉRAS : Le Sport au Coeur, portraits d’une passion
À travers l’objectif de Gérard Uféras, le sport se révèle bien plus qu’une simple pratique physique. C’est une véritable philosophie de vie que nous dévoilent ses portraits kaléidoscopiques de sportifs amateurs et professionnels.
De la boxeuse Anissa au jeune footballeur Jules âgé de 8 ans, du chef étoilé et kendoka Thierry au président de club de rugby Daniel, chaque sujet rayonne d’une passion singulière. Dépassement de soi, respect, solidarité, esprit d’équipe, goût de l’effort… Autant de valeurs incarnées par ces athlètes d’horizons divers.
Certaines figures surprennent, à l’image de Malik le yamakasi ou de Gaël, aveugle mais footballeur accompli. D’autres comme Cécile, joueuse de roller derby, symbolisent l’ouverture du sport vers de nouvelles disciplines.
À travers cette exposition mêlant photographies et témoignages vidéo, Gérard Uféras nous invite à porter un regard neuf sur le sport. Bien au-delà de la performance, c’est une fenêtre ouverte sur l’humain qui se dévoile, une ode à la passion sous toutes ses formes.
4. Nicolas T. CAMOISSON : Entre Terre et Mer
Photographe et calligraphe, Nicolas Camoisson a entamé en 2021 une véritable immersion au cœur du phare de Cordouan, joyau du patrimoine maritime classé à l’UNESCO. Ses résidences sur ce lieu majestueux au milieu de l’estuaire de la Gironde l’ont plongé dans un univers à part, rythmé par les marées et la biodiversité de l’estran.
Fasciné, il a entrepris la création d’un alguier et herbier poétique en cyanotype, véritable ode à la nature marine de Cordouan. Un travail de patience et d’harmonie avec les éléments, qui se poursuivra en 2023 et 2024 par de nouvelles explorations en apnée et en studio.
Mais au-delà de ces trésors naturels, c’est aussi l’histoire même du balisage maritime que Nicolas Camoisson a choisi d’explorer. La lentille de Fresnel, inaugurée à Cordouan en 1823, a révolutionné la signalisation côtière. L’artiste a suivi les équipes du Service des phares et balises dans leur travail de maintenance, immortalisant les grandes lentilles encore en activité.
Son objectif se tourne aussi vers le monde de la pêche dans le Golfe de Gascogne, véritable enjeu économique et environnemental. Formé comme marin professionnel, Nicolas Camoisson partage le quotidien rude des marins-pêcheurs, témoignant avec humanité de leurs combats.
De la poésie des algues au rôle vital des phares, en passant par les défis de la pêche durable, cette exposition dévoile les multiples facettes d’un littoral à la fois riche et fragile, que l’artiste appelle à préserver.
5. Thierry ARDOUIN : Portraits de Graines
Cette exposition et l’ouvrage qui l’accompagne célèbrent la beauté et la richesse des graines, véritables symboles de vie et de diversité. Le photographe Thierry Ardouin a immortalisé avec un soin méticuleux plus de 250 graines issues des collections du Muséum national d’Histoire naturelle.
Ses clichés saisissants de graines sauvages ou cultivées, venues du monde entier, fascinent par leurs formes, couleurs et textures uniques. Au-delà de leur beauté formelle, ces portraits interpellent le spectateur sur son rapport à l’origine, à la nature et au vivant.
Les graines racontent la grande épopée de l’humanité, depuis la nuit des temps où elles se sont mises à voyager à travers le monde, portées par les vents, les courants ou les hommes. Elles témoignent de notre capacité à imaginer demain, à accueillir et acclimater la diversité végétale.
L’ouvrage « Histoires de graines » réunit les photographies de Thierry Ardouin ainsi que des textes de spécialistes (biologistes, ethnobotanistes, paysagistes) qui explorent les multiples enjeux liés aux graines, de l’émergence de l’agriculture aux semences hybrides actuelles en passant par les usages culturels.
Une ode poétique et scientifique à la richesse du monde végétal, qui invite à reconsidérer notre lien au vivant, au territoire et à la biodiversité à préserver.
6. Myrto PAPADOPOULOS : Spirits unseen
Myrto Papadopoulos a mené un travail documentaire au long cours dans les villages isolés de la minorité Pomak en Thrace grecque.
Son objectif était de rencontrer les femmes de cette communauté au mode de vie très ancré dans ce territoire montagneux, tandis que les hommes migrent pour travailler.
Malgré l’héritage patriarcal, les femmes Pomak aspirent à de nouveaux rôles au-delà des limites imposées par leur société.
Le projet multimédia exposé au Musée Benaki analyse les interactions hommes-femmes et l’identité complexe de la communauté Pomak. Il documente l’évolution des structures familiales face aux contraintes socio-économiques, les enjeux de discrimination au travail/éducation.
Papadopoulos se concentre sur les questions de genre, positionnements et rôles au sein d’une société où les couples se marient tôt. Entre poésie, mythes et exploration de l’intime, son travail saisit les points de rencontre mouvants entre ces femmes et leur environnement.
Elle tisse un récit oscillant entre expérience personnelle, fable, traditions et changements, statut des femmes invisibles et puissance de leurs sensibilités. Les documents d’archives lient passé et présent d’un monde qui continue à façonner l’actuel.
SAISON PHOTOGRAPHIQUE 2024 Dans les herbes hautes | |
Où | ABBAYE ROYALE DE L’ÉPAU Route de Changé 72530 YVRÉ-L’ÉVÊQUE |
Quand | Jusqu’au 3 novembre 2024 |
Horaires | Ouvert du mercredi au dimanche de 11h00 à 18h00. Fermé les mardis. |
Entrée | Plein tarif 5,50 euros – tarif réduit 4 euros |
Info | Epau.sarthe.fr |
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