Saint-Malo commémore cette année un événement historique majeur : le 80e anniversaire de sa libération. Pour marquer cette occasion importante, la ville a organisé diverses célébrations, dont une exposition exceptionnelle « Saint-Malo assiégée » mettant en lumière le travail de la photographe et reporter américaine Lee Miller.
Cette correspondante de guerre américaine a joué un rôle crucial dans la documentation du siège de Saint-Malo. Pendant cinq jours intenses, elle a capturé des images saisissantes de cet épisode dramatique, créant un reportage photographique poignant pour le magazine Vogue britannique.
L’exposition présente une collection remarquable de 54 clichés, offrant aux visiteurs une immersion unique dans l’histoire de la cité corsaire. Ces photographies, exposées pour la première fois sur les lieux mêmes où elles ont été prises il y a huit décennies, permettent aux Malouins et aux touristes de plonger au cœur de cet épisode fondateur de l’histoire de Saint-Malo.
Cette rétrospective ne se contente pas de commémorer la libération ; elle rend également hommage au talent et au courage de Lee Miller, tout en offrant un témoignage visuel puissant de cette période charnière. C’est une opportunité rare de revivre et de comprendre les moments qui ont façonné l’identité de Saint-Malo telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Saint-Malo assiégée : 54 photos pour revivre 5 jours d’enfer
Le 13 août 1944, Lee Miller, photographe pour Vogue et accréditée par l’armée américaine, arrive à Saint-Malo. Ayant débarqué la veille à Omaha Beach, elle s’attend à trouver une ville libérée, mais la réalité est tout autre.
Bien que les Alliés aient libéré la zone depuis le 9 août, les Allemands contrôlent encore l’Intra-Muros, le Grand Bé, l’île de Cézembre et la cité d’Alet.
Saint-Malo assiégée, la Festung, forteresse allemande faisant partie du Mur de l’Atlantique, résiste farouchement sous le commandement du colonel Andreas von Aulock, déterminé à se battre « jusqu’au dernier homme ».
Armée de son Rolleiflex, Miller se retrouve seule photo-reporter sur place avec pour seule arme, le plan du syndicat d’initiative datant de 1939, Robert Capa de Life étant parti depuis le 10 août. Elle documente les combats acharnés qui mèneront à la libération de Saint-Malo le 17 août 1944.
Miller s’implique totalement : elle sert d’interprète grâce à ses années passées en France avant-guerre, aide les civils et suit de près les soldats américains dans leur progression. Elle capture des images saisissantes : les réfugiés quittant l’Intra-Muros lors du cessez-le-feu du 13 août, la dévastation à l’intérieur des murs, les briefings au QG de Saint-Servan, l’assaut final sur la citadelle d’Alet, son bombardement au napalm et la reddition allemande.
Son reportage, publié dans le Vogue britannique en octobre 1944, sera partiellement censuré. Après avoir quitté Saint-Malo pour Rennes le 20 août, Miller est confinée pendant une dizaine de jours à l’hôtel Nemours sur ordre du Shaef (état-major suprême des Forces expéditionnaires alliées), qui découvre sa présence non autorisée dans la zone de combat.
Par la suite, Lee Miller poursuit son périple journalistique, couvrant la libération de Paris, l’avancée des Alliés dans l’est de la France, puis en Allemagne, où elle documentera notamment la découverte des camps de concentration.
Lee Miller, artiste surréaliste et correspondante de guerre
Ah, la vie extraordinaire de Lee Miller ! Quelle femme fascinante, n’est-ce pas ? Laissez-moi vous en parler.
Imaginez une petite fille, née le 23 avril 1907 à Poughkeepsie dans l’État de New York. Très jeune elle s’initie à la photographie auprès de son père dont c’est le passe-temps. C’est le début d’une aventure incroyable ! Lee Miller n’était pas du genre à rester dans l’ombre !
À New York, elle fait ses premiers pas dans le monde de la photographie, mais pas derrière l’objectif. Elle pose pour des photographes renommés comme Edward Steichen. Mais Lee en voulait plus, elle rêvait de Paris !
En 1929, la voilà qui débarque dans la Ville Lumière. Elle travaille avec Man Ray, un artiste surréaliste de génie. Et devinez quoi ? Elle ouvre son propre studio ! Ses portraits et ses photos de mode font sensation. Lee Miller, c’était la photographe dont tout le monde parlait !
De retour à New York en 1932, elle monte un nouveau studio. Pendant deux ans, c’est le succès fou ! Mais l’appel de l’aventure est plus fort. Direction Le Caire, où elle épouse un riche homme d’affaires égyptien. Passionnée de longs voyages dans le désert, elle photographie villages et ruines.
Mais l’amour frappe à nouveau à sa porte. En 1937, à Paris, elle rencontre Roland Penrose, un autre artiste surréaliste. Ensemble, ils explorent la Grèce et la Roumanie.
En 1939, Lee s’installe en Angleterre avec Roland. Puis vient la guerre. Ignorant les instructions de l’ambassade américaine de rentrer au pays, elle devient photographe free-lance pour le magazine Vogue. De 1939 à 1944, ses clichés de mode remplissent 400 pages du magazine.
En 1942, l’armée américaine l’accrédite comme correspondante et et fait équipe avec le photographe de
Time Life, David E. Scherman. Elle suit les troupes en Europe, probablement la seule femme photo-reporter sur le front ! Elle capture des moments historiques : Saint-Malo assiégée, la libération de Paris, les combats en Alsace…
Et puis, l’horreur. Lee photographie la libération des camps de concentration. Elle loge même dans les appartements d’Hitler à Munich ! Vous imaginez l’émotion, la tension ?
Après la guerre, Lee continue pour Vogue, mais son âme est marquée. Le stress post-traumatique la ronge. Pour s’en sortir, elle se tourne vers la cuisine. Une thérapie créative qui l’aide à combattre ses démons.
Lee Miller s’éteint en 1977, laissant derrière elle un héritage photographique incomparable. Des clichés de mode aux images surréalistes, en passant par ses reportages de guerre poignants, elle a tout capturé, tout vécu.
N’est-ce pas une vie extraordinaire ? Lee Miller, c’était une femme qui a brisé les codes, qui a osé, qui a vu le monde à travers son objectif avec un courage inouï. Elle nous rappelle que la vie est faite pour être vécue pleinement, intensément, même dans les moments les plus sombres.
Lee Miller Saint-Malo assiégée août 1944 | |
Où | Saint-Malo Intra-muros : Chapelle de la Victoire, rue de la Victoire |
Quand | Gratuité – 26 ans / PMR et accompagnants |
Horaires | Tous les jours, 10-12 heures et 14-19 heures |
Entrée | Plein tarif 6 euros Gratuité – 26 ans / PMR et accompagnants |
Info | saint-malo.fr |
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