Plongée au cœur de l’incroyable histoire de ce photographe devenu moine. Celui qui porte aujourd’hui le nom de Frère Jean, n’a pas toujours vécu la vie monastique.
Avant d’embrasser cette vie de recueillement et de prière, Gérard Gascuel a connu une première vie marquée par la photographie. Il a côtoyé les plus grands, de Salvador Dali à Audrey Hepburn en passant par le mime Marceau ou Maurice Béjart.
Originaire des Cévennes, il débarque à Paris à l’âge de 20 ans afin d’y suivre des études de photographie à l’École Louis Lumière. Très vite, il mène une carrière entre la mode, la publicité, les arts et travaille pour les rubriques artistiques de différents journaux. Il se passionne pour « la métamorphose des visages » et organise plusieurs expositions dans le monde entier, des États-Unis au Japon en passant par le Canada.
L’incroyable histoire de ce photographe devenu moine
Sa vie bascule en 1983 à 36 ans, lorsqu’il réalise un reportage pour un journal japonais au Mont Athos, haut lieu de la spiritualité orthodoxe. Fasciné par la vie des moines qu’il rencontre, il plaque tout et s’installe sur la presqu’île grecque pour embrasser cette vie monastique.
« On ne devient pas moine parce qu’on n’aime pas le monde mais parce qu’on a envie de faire de sa vie une œuvre d’art »
– Frère jean
Au bout d’un an, il ressent l’appel du large et la nécessité de fuir un trop grand confort. Il a besoin d’éprouver sa foi dans des conditions plus difficiles. Il se dirige alors vers le monastère de Mar Saba, situé à quelques kilomètres de la ville de Bethléem dans le désert de Judée, en Cisjordanie. Un monastère considéré comme l’un des endroits les plus durs au monde.
C’est dans ce lieu austère qu’il y rencontre son père spirituel, Séraphim. En plus des services religieux et de la prière, Frère Jean est affecté à la cuisine où il se découvre une véritable passion pour l’art culinaire.
De retour en France, il s’occupe des jeunes en difficulté dans les quartiers Nord de Marseille. Par la suite, il fonde en 1993 la Fraternité Saint Martin, une association d’artistes dont le but est de partager un art de vivre.
Ayant définitivement délaissé la photographie pour la lumière de ses Cévennes natales, il y fonde en 1996 avec frère Joseph, un ancien informaticien, une communauté orthodoxe, le Skite de Sainte Foy.
Cet endroit qui dépend de l’archevêché russe en Europe occidentale est le lieu où des pèlerins lambda et des personnalités du monde artistique et culturel (chefs étoilés, artistes, vignerons, savants, philosophes…) se retrouvent pour échanger et s’y ressourcer dans le silence.
Le skite Sainte Foy se situe dans le sud de la France, dans les collines du Parc National des Cévennes, à Saint-Julien-des-Points.

Photo Marc (CC BY-NC-SA 2.0)
L’incroyable histoire de ce photographe devenu moine continue de fasciner les pèlerins. Même retiré du monde, le Frère Jean n’en a pas pour autant tourné le dos à la photographie qu’il continue à pratiquer. Dans son recueil poétique et photographique, Signes de lumière, il livre sa vision de la photographie :
La photographie est un art
(15. Écriture de lumière)
qu’il ne faut pas limiter à l’apparence,
elle peut saisir le tressaillement invisible
qui jaillit des profondeurs de la création.
Par une écriture de lumière,
elle surprend des mouvements éternels,
immortalise des gestes quotidiens.
Elle témoigne de l’harmonie de la beauté,
révèle la noblesse d’un visage derrière le portrait,
la transparence délicate d’une feuille…
L’image montre objectivement la réalité dépouillée.
La photographie sait capter l’énergie du souffle,
avant son jaillissement dans le mouvement,
la puissance du regard derrière les yeux,
en le surprenant à son origine dans le cœur.
Non pas voyeur, mais voyant,
non pas prendre des photographies
mais recevoir des photographies
dans une complicité à trois :
lui, moi et l’Esprit.

En 2006, Frère Jean est ordonné prêtre à la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, rue Daru, à Paris.
Bibliographie sélective de Frère jean, le photographe devenu moine : http://www.photo-frerejean.com/publications.html
L’incroyable histoire de ce photographe se raconte également à travers les nombreux ouvrages qu’il a publié.
- Recettes du Monastère, éd. Art sacré, 2019 (beau livre).
- Un jardin en Cévennes, éd. Art sacré, 2018 (beau livre).
- Signes de lumière, éd. Art sacré, 2017 (poésie).
- Ora et labora in horto, réalisé par Patrick Bittar, 2014 (film).
- Entre Eden et Paradis, éd. Azalé, 2014 (film).
- Pierres vivantes, éd. Musée d’Art Sacré du Gard, 2010 (photographie).
- Le jardin de la foi, éd. Presses de la Renaissance, 2003, 2008 (religion).
- Hommes de lumière, éd. Mame, 1988 (religion).
- Insaisissable fraternité : entretiens avec A. Finkelkraut, A. Jacquard, J.-P. Schnetzler, frère Jean, éd. Dervy, 1998 (philosophie).
- Fils de lumière, éd. Jacqueline Renard, 1998 (religion).
- L’amour en questions, éd. Fennec, 1995 (religion).
- J’ai soif d’une eau de vie, éd. Terre du ciel, 1995, 1999 (religion).
- Hommes de lumière, éd. Mame, 1994 (religion).
- Pèlerinage au mont Athos : le jardin de la vierge, éd. J Renard, 1992 (religion).
- Le Jardin de la Vierge, éd. Dauphin, 1991 (religion).