Le 14e Prix Carmignac du photojournalisme met en lumière la condition tragique des femmes et des filles en Afghanistan depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021. Ce prix prestigieux a été décerné au projet du duo composé de la photojournaliste canado-iranienne Kiana Hayeri et de la chercheuse française Mélissa Cornet.
Ensemble, elles ont documenté, au cours d’une enquête de six mois, le cri silencieux des Afghanes. Dans un pays où la voix des femmes se délite, ce projet devient un cri silencieux pour la justice et la reconnaissance de leurs luttes.
Kiana et Mélissa vont bien au-delà du simple reportage. Leur projet est un véritable porte-voix pour ces femmes afghanes dont les combats restent trop souvent dans l’ombre. À travers leur objectif, elles capturent et partagent les récits poignants de ces battantes qui s’efforcent de préserver leurs droits les plus élémentaires.
Leur démarche ne se contente pas de montrer ; elle interpelle. Elle nous pousse, nous, spectateurs du monde entier, à ouvrir les yeux sur la réalité brutale que vivent les Afghanes aujourd’hui. Ces femmes, dont les rêves et les ambitions se sont brutalement heurtés au mur des nouvelles lois restrictives, voient leur avenir s’assombrir jour après jour.
Par leur travail, Kiana et Mélissa lancent un appel vibrant à la solidarité internationale. Elles nous invitent non seulement à prendre conscience de cette situation alarmante, mais aussi à agir, à ne pas rester indifférents face à ce recul dramatique des droits des femmes en Afghanistan.
Le Cri Silencieux des Afghanes
Pour mener à bien leur enquête, Kiana Hayeri et Mélissa Cornet ont voyagé à travers sept provinces afghanes, rencontrant plus de 100 femmes. Les témoignages qu’elles ont collectés révèlent une société où les droits fondamentaux sont systématiquement niés. Ces femmes sont souvent interdites d’école, confinées à leurs foyers, et privées d’une existence publique, tandis qu’Amnesty International souligne que cette répression pourrait également constituer un possible crime contre l’humanité.
Les réalités vécues par ces Afghanes sont marquées par une profonde tristesse et un désespoir palpable. Les mères, horrifiées, voient leurs filles affronter des défis qu’elles ont elles-mêmes endurés. Parallèlement, les femmes journalistes et activistes continuent de se battre pour faire entendre leur voix, malgré les menaces et la violence omniprésente. La documentation de ces histoires par Kiana et Mélissa contribue non seulement à leur visibilité, mais tisse aussi un appel à la solidarité internationale.
Depuis leur retour au pouvoir, les talibans ont renforcé leur emprise sur la vie des femmes. En août 2024, une nouvelle loi a été promulguée, obligeant les Afghanes à se couvrir le visage d’un masque et leur interdisant d’exprimer leur voix en public. Ces restrictions sont symptomatiques de la volonté de revenir à un système patriarcal radical, où les femmes sont considérées comme des citoyennes de seconde classe.
Les psychologies de nombreuses Afghanes se sont également détériorées. Kiana et Mélissa ont observé une perte générale d’espoir comme l’exprimait une militante féministe qui a fui le pays : « Nous avons oublié toute joie… C’est comme si on m’avait enfermée dans une pièce dont je n’ai pas le droit de sortir. »
Le Cri Silencieux des Afghanes ,ces mots poignants illustrent la désespérance croissante et la dévastation des rêves d’avenir des femmes afghanes, confrontées à une crise économique et sociale sans précédent.
Une Approche Innovante dans le Journalisme
Kiana et Mélissa n’ont pas simplement photographié et documenté – elles ont également intégré divers médias, tels que des vidéos, des dessins et des œuvres d’art, créées en collaboration avec des adolescentes afghanes. Cette démarche souligne l’importance de l’expression artistique comme moyen de résistance et de résilience. En utilisant plusieurs formats, elles ajoutent une profondeur et une richesse à leur récit, offrant aux spectateurs une immersion totale dans la vie complexe des Afghanes.
Les œuvres d’art, en particulier, apportent un nouvel éclairage sur les histoires vécues. Elles transcendent les barrières linguistiques et culturelles, permettant à la communauté internationale de ressentir le vécu de ces femmes, souvent invisibles aux yeux du monde. Cette approche innovante permet de tisser un lien émotionnel entre les spectateurs et les sujets de leur reportage, encourageant une prise de conscience et une empathie renforcées.
Kiana Hayeri, née à Téhéran et ayant émigré à Toronto, a toujours utilisé la photographie comme un moyen d’alléger le fossé linguistique et culturel. Son parcours personnel enrichit son travail, faisant d’elle une voix authentique sur les réalités afghanes. Son engagement envers les sujets complexes comme les migrations et l’identité est palpable dans chacune de ses photographies, offrant une perspective unique et profondément humaine.
Au fil des ans, Kiana a reçu de nombreuses distinctions pour son travail, du Tim Hetherington Visionary Award à la Médaille d’or Robert Capa. Sa passion pour défendre les droits des femmes afghanes se reflète dans ses projets, faisant d’elle une figure influente du photojournalisme contemporain. En collaborant avec Mélissa Cornet, elle amplifie encore plus son impact, s’attaquant aux injustices avec une détermination sans faille.
Mélissa Cornet, quant à elle, a vécu et travaillé en Afghanistan pendant plusieurs années, ce qui lui permet de comprendre en profondeur la situation des femmes sur le terrain. Ses recherches axées sur les droits des femmes et leur émancipation économique fournissent un contexte essentiel aux défis auxquels elles sont confrontées aujourd’hui. Elle a continué à documenter la réalité après la chute de Kaboul, mettant en lumière l’impact de la crise alimentaire et des restrictions de mouvement sur le quotidien des femmes.
Mélissa est une voix influente, souvent recherchée par les médias internationaux pour exprimer son expertise sur les droits des femmes en Afghanistan. Elle contribue à faire entendre ces voix étouffées, apportant une dimension académique à l’engagement de terrain. Sa collaboration avec Kiana Hayeri renforce l’importance de la voix des femmes dans une société où leurs droits sont bafoués. Ensemble, elles fournissent une analyse critique et émotive de la situation actuelle, tout en appelant à l’action collective.
Le Cri Silencieux des Afghanes : Entre Résilience et Espoir
Le travail de Kiana Hayeri et Mélissa Cornet, lauréates du 14e Prix Carmignac du photojournalisme, est une lumière dans l’obscurité des réalités afghanes. Leur projet illustre non seulement la brutalité des conditions de vie des femmes et des filles en Afghanistan, mais également leur résilience face à l’oppression. En engageant le public à travers divers médias, elles participent à une prise de conscience mondiale qui pourrait potentiellement changer le récit et, avec lui, la réalité de ces femmes.
Alors que les crises économiques, sociales et politiques continuent d’affecter la vie des Afghanes, leur lutte pour la dignité et les droits humains reste d’une pertinence éternelle. Grâce à des initiatives comme le Prix Carmignac, leur voix, ce « cri silencieux », trouve un écho au-delà des frontières, appelant à une solidarité internationale nécessaire pour rétablir justice et équité.
NO WOMAN’S LAND Un regard intime sur la lutte pour les droits des femmes en Afghanistan | |
Où | Réfectoire des Cordeliers 5 rue de l’école de Médecine Paris |
Quand | Du 25 Octobre au 18 Décembre 2024 |
Horaires | Du lundi au dimanche de 10h à 19h |
Entrée | Libre |
Info | Fondation Carmignac |
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