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Comment Savoir Si Vous Progressez En Photographie ?

L’Homme est perfectible.

Dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), Jean-Jacques Rousseau nous explique qu’à la différence de l’animal, l’être humain possède la faculté de se perfectionner.

Oui, nous possédons tous, de façon innée, cette perfectibilité. Grâce à elle, nous pouvons progresser, apprendre et évoluer.

Si je fais ce petit rappel philosophique, c’est uniquement pour souligner le fait que cela s’applique à tout le monde.

Si vous voulez progresser, cela ne tient qu’à vous.

Mais comment savoir si l’on progresse ? En effet, qu’est-ce qui nous dit que l’on fait des progrès ?

Renaud LavillenieRenaud Lavillenie
© Stef Kocyla

En sport par exemple, la performance est un indicateur de progrès. Un meilleur score, un meilleur temps, une barre plus haute…

Mais en photographie ? Comment savoir si l’on est sur le bon chemin, celui qui fera de nous un meilleur photographe ?

Le résultat – la photographie – n’étant pas une science exacte, alors quels sont les indicateurs qui permettent de mesurer les progrès ?

Maîtriser le fonctionnement de son appareil photo ne suffit pas pour faire de belles photos…La dimension créative compte beaucoup, et c’est ce qui est le plus difficile à maîtriser.

Croire qu’un meilleur matériel fera de vous un meilleur photographe est une absurdité.

Alors, au lieu d’investir votre argent dans du matériel, investissez-le dans votre formation.

Faire de belles photos, cela demande du temps…

1. Le processus de création

Commençons par décortiquer les étapes qui mènent à la création d’une belle photo. Notre but ultime étant de faire une belle photo.

Il faut voir la photographie comme un processus.

Pour cela, il faut une méthode, qui, si elle ne garantit pas le résultat final, augmente les chances de réussite. Concrètement, il faut vous poser les bonnes questions tout au long du processus de création.

Ne comptez pas sur la chance pour faire une belle photo.

À chaque étape je me pose une question. Si je suis capable de répondre à cette question, alors je suis sur le bon chemin.

L’inspiration : les sources

Au commencement était l’inspiration.

Tout part d’une étincelle. Elle jaillit dans notre tête et allume la boite à images dans notre esprit. Comment cette étincelle nait-elle ?

Très souvent, j’entends et je lis, ici et là, qu’il faut étudier les œuvres des grands photographes. C’est vrai. Mais ce n’est pas suffisant pour moi.

L’inspiration se trouve tout autour de nous.
Pour la trouver, il faut éduquer nos sens, façonner notre regard de telle manière qu’il soit capable de la voir.

Il faut créer un climat propice à l’apparition de l’idée. Pour cela, je m’intéresse à d’autres formes d’art, la peinture, la musique et le cinéma sont pour moi de grandes sources d’inspiration.

« Qu’est-ce qui me fait rêver aujourd’hui ? »

Si je suis capable de répondre à cette question, je sais que je suis sur la bonne voie. Plus ma réponse à cette question sera pertinente, plus j’aurai de chances de faire une belle photo.

L’intention : la prévisualisation, la raison de la photo

Stef Kocyla

Dans la création photographique, la mentalisation de la photographie est très importante.

Au-delà de la création mentale d’une image, il s’agit surtout de se fixer un objectif. À partir de maintenant, tout notre travail va consister à atteindre cet objectif.

Attention ! Petite précision en photographie de paysage, mais qui a son importance…Se représenter une image mentale est différent de visualiser la photo finale que l’on espère créer. Comme les conditions climatiques sont incontrôlables, nous ne pouvons pas nous représenter précisément la photographie définitive, au risque d’être déçu si les conditions espérées ne se produisent pas. C’est tout ce qui fait son intérêt d’ailleurs…

« Ais-je une idée de ce que je veux créer comme image ? »

Idem, si j’ai la réponse, c’est que c’est bon, si j’ai une réponse précise, c’est que c’est tout bon !

L’image que souhaitons créer étant notre objectif, nous allons voir ce qu’il faut mettre en œuvre pour le réaliser.

La préparation : le repérage

Voici une étape qui est très souvent bâclée par les photographes débutants.

C’est comme si vous deviez peindre une porte en bois. Est-ce que vous vous mettez immédiatement à la peindre ? Non, en effet, vous allez d’abord préparer la surface : la poncer, réparer les fissures, nettoyer sa surface…

En photographie, c’est pareil. Comme l’artiste peintre qui fait d’abord des ébauches au crayon de son futur tableau, il faut préparer sa prise de vue.

Trouver le sujet, s’assurer des conditions climatiques (la lumière surtout, mais cela peut-être les marées, l’enneigement en montagne, la direction du vent…), faire des recherches sur internet (Google Earth) sur le lieu, puis repérer physiquement le terrain.

Lorsque vous pouvez répondre à la question « est-ce que TOUTES les conditions pour faire la prise de vue que j’ai envisagé sont réunies ? », il est temps de passer à l’étape suivante.

La prise de vue : la maitrise appareil, la composition

Photographie Stef Kocyla

La prise de vue n’est que l’aboutissement des étapes précédentes, c’est aussi le côté le plus fun du processus. C’est certainement pour cela que beaucoup zappent ce qui précède…

Néanmoins, pas de précipitation…

Lorsque tout est en place, ralentissez encore le rythme. Prenez votre temps, imprégniez-vous de la scène, de l’atmosphère, ressentez les choses.

C’est essentiel pour la suite.

Prenez le temps de construire votre composition, patientez pour avoir la meilleure lumière.

Privilégiez la qualité. Toujours.

Le but de cette étape est de restituer l’image mentale que vous aviez conçue, et ce le plus fidèlement possible. Il faut donc maîtriser l’outil qui va matérialiser cette image : votre appareil photo.

« Suis-je capable de créer cette image avec mon appareil ? »

Autrement dit, est-ce que je dispose du savoir-faire nécessaire pour contrôler mon appareil ?

L’edit : la maitrise du logiciel

Photographie Stef Kocyla

Photographie Stef Kocyla

La photo dans la boite, le travail n’est pas terminé. Il faut maintenant éditer le fichier RAW.

Je compare souvent le fichier RAW à une pierre précieuse brute (raw…) que l’on vient de trouver dans le sol. Ce n’est pas encore une pierre précieuse que l’on peut exposer en vitrine.

Il faut d’abord la tailler, la polir, la façonner et lui donner de l’éclat.

C’est la même chose avec le fichier RAW. Il faut le transformer en une belle image, une image que vous seuls avez en tête.
D’où l’importance de prendre son temps à la prise de vues… Il faut restituer une atmosphère, faire passer un message dans la photo.

Le post-traitement est crucial à ce moment de la création.

Il va être encore une fois question de maîtrise :

« Suis-je capable de transformer cette pierre brute en pierre précieuse ? »

Vous l’avez compris, il faut maîtriser les logiciels de post-traitement.

L’impression : la matérialisation de la photographie

Stef Kocyla© Stef Kocyla

Enfin, l’aboutissement du processus : l’impression.

Je recommande toujours de faire imprimer ses photos (en tous cas les plus belles) sur papier photo, par un spécialiste du tirage photo.

Trop souvent, les photographes gardent sur leurs disques durs les photos, ou se contentent de les publier sur leurs réseaux sociaux.

Je trouve qu’il est important de matérialiser ce que l’on avait en tête à l’origine. L’écran ne remplacera jamais une photographie sur papier photo.

C’est même essentiel lorsque l’on veut progresser en photographie.

Le passage de l’écran au papier peut réserver quelques (mauvaises) surprises. Des imperfections qui ne se voyaient pas sur l’écran par exemple.

Contempler mon travail que je tiens entre les mains est une grande satisfaction, que je n’éprouve pas devant mon écran d’ordinateur.

2. Se fixer des objectifs / défis

 

L’un des meilleurs moyens de progresser, c’est de se fixer des objectifs. Pourquoi ?

Parce que c’est un très bon moyen de mesurer les progrès accomplis.

C’est l’atteinte de ces objectifs qui vous fera passer d’un palier à un autre. Et c’est là qu’il faut essayer d’être intelligent, ou « smart » en anglais.

S.M.A.R.T comme le nom de la méthode. Les objectifs que vous vous fixerez seront Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes et définis dans le Temps.

  • Spécifique : vous devez vous fixer des objectifs précis. Plus l’objectif est précis, plus il sera facilement atteignable. N’hésitez pas à décomposer en plusieurs petits objectifs un objectif trop large.Exemple : savoir faire des photos ultra-nettes
  • Mesurable : vous pouvez déterminer des critères quantitatifs et/ou qualitatifs pour mesurer vos progrès.Exemple : Pour faire des photos ultra-nettes, je dois maîtriser mon matériel ainsi que les différentes techniques de contrôle de la profondeur de champ et de mises au point.
  • Atteignable : soyez raisonnables avec les objectifs que vous vous fixez. Ne vous attaquez pas tout de suite à l’Everest. Ne soyez pas trop complaisants non plus, sinon vos progrès seront faibles. Et vous pouvez toujours les ajuster en cours de route…Exemple : faire des photos ultra-nettes est pertinent si vous avez un niveau débutant, beaucoup moins si vous avez déjà de l’expérience.
  • Réaliste : vous devez tenir compte de votre mode de vie, de vos contraintes et de vos ressources (temps, argent…) pour fixer vos objectifs.Exemple : faire des photos ultra-nettes demandera de la pratique, du temps, donc d’être disponible, peut-être de suivre un atelier photo, des cours en ligne…êtes-vous prêt à vous investir dans cette voie ?
  • Définis dans le Temps : vous devez fixer une échéance. C’est la détermination d’un repère dans le temps qui vous motivera aussi pour atteindre vos objectifs.Exemple : nous sommes le 1er janvier de l’année, je vais faire un beau voyage le 1er juillet prochain, je veux donc savoir faire des photos ultra-nettes pour cette date. En général, un voyage, ça motive beaucoup….

3. Travailler sur des projets / Missions

 

photographie

Une autre manière de savoir si l’on progresse, est de participer à des projets et/ou des missions.

2 possibilités : soit vous les fixez vous-même (mais cela demande de la discipline et de l’organisation), soit vous vous inscrivez dans le cadre de missions données par d’autres.

Recherchez sur internet les différentes missions proposées. Il n’y a que l’enjeu que vous vous donnez.

Personnellement, je participe régulièrement aux missions données par le site Your Shot du National Geographic. Mais il existe aussi d’autres sites proposant le même genre de missions, comme 500px par exemple.

Les missions vous imposeront un cadre, dans lequel vous devez fournir une ou plusieurs photos, et ce en un certain temps. Vous choisirez les missions selon votre niveau, vos ressources, vos capacités… Donc tout à fait SMART !

Comme dans un concours, une photo est retenue comme gagnante de la mission et récompensée par une publication sur le site ou dans un magazine, ou par des récompenses plus matérielles.

Les projets sont un peu différents, et peuvent être plus personnels.

Vous pouvez très bien choisir un thème, et vous donner comme objectif de ne faire que des photos en rapport avec ce thème pendant une certaine période.

Par exemple, si vous faites comme moi des photos de paysage, choisir une région (la Bretagne), un type de paysages (la mer), et un sujet (les phares) et ne faire que des photos sur ce thème pendant un mois.

Vous vous spécialiserez ainsi dans ce domaine, et votre regard s’aiguisera au cours du temps et de votre pratique pour être performant dans ce domaine.

Choisir un thème que l’on aime est très important, car il sera plus facilement source d’inspiration, et de motivation…

4. La critique : les concours

 

Les concours sont aussi une autre manière de progresser, car ils permettent de mesurer, par une récompense, la qualité du travail accompli.

J’insiste sur le terme qualité du travail. Il faut souvent des années de pratique et d’apprentissage pour réussir 1 grande photo.

À la différence de la mission, qui est pour moi un exercice à part entière, les concours sont…des concours. Ils portent bien leur nom, ce ne sont pas des examens.

Participer à un concours, c’est soumettre son travail à des experts, des professionnels, des artistes reconnus.

Les progrès y seront davantage validés que mesurés.

C’est chercher une forme de reconnaissance légitime validant un parcours photographique. Vous vous confrontez à d’autres photographes. Que le meilleur gagne !

C’est pour cela que participer à des concours vient après des années de pratique et d’expérience. Un débutant n’aura que peu d’intérêt à y prendre part, le but d’un concours étant de le gagner.

La probabilité de gagner dépend non seulement de la qualité de l’œuvre présentée, mais aussi de la composition du jury et des œuvres des autres participants.

De plus, certains concours prévoient une participation du public, par un système de votes, ce qui tronque un peu les résultats en y intégrant une notion de popularité de l’auteur.

Conclusion

 

 

Progresser en photographie est un voyage au long cours. S’arrête-t-il un jour ? Je ne crois pas, non…
C’est ce qui fait tout l’intérêt d’une discipline comme la photographie. Elle évolue, l’artiste évolue, le matériel évolue, les techniques évoluent…

Être capable de mesurer sa progression est fondamental si l’on veut prétendre maîtriser un tant soit peu cet art. C’est souvent l’affaire de passionnés, prêts à s’investir beaucoup pour y arriver.

Mais si vous avez lu ces lignes jusqu’ici, c’est que vous êtes déjà sur le bon chemin…

Stef Kocyla
Stef Kocylahttps://aventures-de-photographe.fr
Moi c’est Stef, j’ai toujours aimé faire des photos, mais j’ai commencé sérieusement à en faire en 2015, à l’occasion d’un voyage en Amérique du Nord. Ce qui était un loisir est devenu une passion et aujourd’hui la photo fait partie de mon mode de vie.Voyager est mon autre passion : partir à l’aventure, sac à dos, en road-trip, dans les plus beaux coins de la planète, le plus souvent sauvages. Début 2018, de gros soucis de santé me font revoir mes priorités et je décide de me consacrer à 100% à mes 2 passions. La vie est courte. La photo de paysage et les voyages font partie de mon ADN, combiner les 2 était donc une évidence.
1 COMMENTAIRE
  1. Excellent article Stef, je l’ai d’ailleurs imprimé et je le relis régulièrement 🙂 Bonne continuation !

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