40 ans après le meurtre du jeune photographe, ses photographies emblématiques du quartier de South Beach de Miami Beach connaissent une nouvelle vie. Pour la première fois en Europe, son travail est exposé à Paris du 18 octobre au 17 novembre 2022 à la galerie Taylor. Une exposition née de la rencontre entre Edward Christin et Valérie Kersz à Miami en 2021.
Andrew John Sweet (9 novembre 1953 – 17 octobre 1982) était un jeune photographe talentueux qui, de 1977 à 1982, a documenté les habitants de South Beach à travers l’objectif de son Hasselblad. Mais juste au moment où son travail excentrique et haut en couleur commençait à atteindre un public plus large, il a été poignardé à mort dans son appartement de SoBe. Il n’avait que 28 ans.
Ce n’était pas la seule tragédie que la famille Sweet allait devoir affronter. Après avoir enduré des décennies de tentatives infructueuses pour faire condamner ses meurtriers, ils ont également perdu la trace de la plupart des négatifs couleur originaux d’Andy. Il faudra attendre 2006 pour que le mari de sa sœur Ellen déniche dans une réserve une trente boîtes remplies de tirages d’essai en couleur au format 8×8 qu’Andy avait réalisés en vue de réaliser des tirages définitifs plus grands.
Il y avait là 1600 images dont la famille ignorait l’existence. Il y avait une infinité de clichés de fêtes et de spectacles, de personnes âgées charismatiques sur la plage et de familles juives orthodoxes. Elles étaient rayées, tachées et décolorées, mais en l’absence des négatifs originaux, elles représentaient une chance de sauver ce patrimoine unique. Cette découverte a marqué le début de près d’une décennie de travail pour préserver l’œuvre de l’un des plus importants photographes de Miami Beach.
La Fondation Sweet
La Fondation est une organisation caritative créée par sa famille en 1982 est chargée de préserver et de promouvoir son œuvre. Depuis 2006, la Fondation a restauré numériquement une grande partie de son travail à partir des anciens tirages décolorés. Les photographies d’Andy Sweet sont aujourd’hui saluées par un tout nouveau public. A tel point que son travail a fait l’objet d’expositions en 2016 à la Cinémathèque de Miami Beach, au Centre d’Art Déco de South Beach, à la foire Pinta durant Art Basel et au Musée d’Art et d’Histoire de Miami en 2018. Le documentaire «The Last Resort» a été réalisé par le renommé cinéaste américain Denis Scholl.
Andy Sweet, un photographe talentueux, jovial et enthousiaste
Pour Ellen Sweet, la fascination de son jeune frère Andy pour les vieux retraités de leur quartier était tout sauf cool. Elle ne comprenait pas pourquoi un jeune homme de 20 ans qui aime s’amuser voulait passer ses samedis soirs et ses réveillons avec des personnes âgées excentriques, les prenant en photo pour le plaisir, alors qu’il aurait pu faire la fête avec des gens de son âge ou sortir avec des filles. « Je trouvais ça bizarre », dit-elle.
Mais pour l’enfant souriant aux cheveux bouclés de Miami Beach, qui ne quittait jamais la maison sans son appareil photo, la vie et la culture de la communauté juive de South Beach étaient à la fois fascinantes et sacrées.
Pourquoi Miami Beach était-il si populaire ?
Miami Beach est une ville côtière située à l’extrémité sud de la Floride. Sa proximité avec les Caraïbes, ses plages de sable blanc et ses eaux turquoises en font une destination de vacances très prisée. Au cours des années 1960 et 1970, South Beach est devenu un refuge pour les Juifs d’Europe de l’Est. En raison de son climat, Miami était connue comme le « terrain de jeu de l’Amérique », un endroit où l’on pouvait « s’amuser et vivre pleinement » après les heures sombres de la Seconde Guerre Mondiale.
Diane Arbus une source d’inspiration pour le photographe
La plus grande source d’inspiration de Sweet est Diane Arbus, une photographe new-yorkaise connue pour ses représentations de personnes marginalisées – ou comme elle les appelait elle-même, les « freaks ». Comme Arbus, Sweet aimait prendre des photos entièrement motivées par ses sujets.
Le début des années 80, une période charnière pour la ville
À la fin des années 70, à South Beach, une centaine de fêtes juives se déroulaient chaque soir de week-end le long d’Ocean Drive. Mais au début des années 80, les fêtes ont commencé à diminuer, remplacées par un autre type de réjouissances. Une couverture du magazine Time de novembre 1981 résume ce changement : Une carte du sud de la Floride était ornée des mots « Paradis perdu ». Le trafic de cocaïne avait fait de Miami le siège d’un commerce annuel de 20 milliards de dollars dirigé par le puissant cartel colombien de Medellin. Au début des années 80, Miami était l’une des capitales mondiales du crime, et Sweet allait bientôt en faire la triste expérience.
Comme leur photographe, on peut dire que la plupart des sujets de Sweet ne sont plus en vie. Et nombre de ses points de repère préférés de South Beach ont été remplacés. Pourtant, ses photographies continuent de véhiculer un esprit pur et remarquable de vivacité.
Le photographe laisse une œuvre considérable qui témoigne dès son jeune âge d’une acuité photographique très mature. Son esthétique est aussi rafraîchissante que ses couleurs. Le photographe rejette tout formalisme.
Andy Sweet – Miami Beach 70’s
Edward Christin est archiviste et curateur. Il vit et travaille à Miami, où il inventorie et met en valeur les archives de Bunny Yeager, Leo Matiz, Robin Hill, Karl Stoecker, Greg Lotus et Barbara Hulanicki.
Valérie Kersz a été agent de photographes à Los Angeles et New York pendant douze ans, puis acheteuse d’art en agence publicitaire durant douze autres années.
L’Atelier Galerie Taylor
7 rue Taylor 75010 Paris
du mardi au samedi, de 14h30 à 19h
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